La tension monte dangereusement au Proche-Orient. Après l'attaque sans précédent de l'Iran contre Israël le 1er octobre, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou promet une riposte, malgré les appels à la retenue de ses alliés occidentaux. Dans le même temps, les affrontements s'intensifient à la frontière libano-israélienne entre Tsahal et le Hezbollah. Analyse d'une situation explosive qui fait craindre un embrasement régional.
Une riposte israélienne imminente contre l'Iran
Dix jours après l'attaque iranienne contre Israël, qui a vu plus de 200 drones et missiles tirés sur le territoire israélien, la question n'est plus de savoir si Tel-Aviv va riposter, mais quand et comment. Benyamin Nétanyahou a promis mardi que son pays "prendrait ses décisions en fonction de son intérêt national", tout en assurant "écouter l'opinion des États-Unis".Selon le Washington Post, le Premier ministre israélien aurait indiqué au président américain Joe Biden qu'il envisageait de frapper des cibles militaires iraniennes, et non des infrastructures pétrolières ou nucléaires. Une façon de rassurer son allié qui craint une escalade incontrôlée dans la région.
De son côté, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a promis une attaque "mortelle, précise et surprenante" contre l'Iran. Des déclarations martiales qui laissent peu de doute sur les intentions belliqueuses d'Israël.
Toutefois, la forme exacte que prendra cette riposte reste incertaine. Plusieurs options sont sur la table :
- Des frappes ciblées sur des sites militaires iraniens
- Des cyberattaques contre des infrastructures stratégiques
- Des opérations clandestines d'assassinats ou de sabotage
- Une combinaison de ces différentes actions
Quelle que soit l'option choisie, Israël semble déterminé à restaurer sa capacité de dissuasion mise à mal par l'attaque iranienne du 1er octobre.
Intensification des combats à la frontière libano-israélienne
En parallèle de ce bras de fer avec l'Iran, Israël fait face à une escalade militaire à sa frontière nord avec le Liban. Depuis plusieurs jours, les échanges de tirs se multiplient entre Tsahal et le Hezbollah, le puissant mouvement chiite pro-iranien.Mardi matin, l'aviation israélienne a mené de nouvelles frappes dans l'est et le sud du Liban, touchant notamment un hôpital dans la vallée de la Békaa selon l'agence de presse officielle libanaise. Ces raids font suite à des tirs de roquettes revendiqués la veille par le Hezbollah sur plusieurs villes du nord d'Israël.
Face à cette montée des tensions, Benyamin Nétanyahou a juré de frapper "sans pitié" le mouvement libanais. "Nous allons faire payer un prix très élevé au Hezbollah", a-t-il averti. Des menaces qui font craindre une extension du conflit au Liban, alors que le pays du Cèdre est déjà en proie à une grave crise économique et politique.
De son côté, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a prévenu qu'il riposterait à toute attaque israélienne d'envergure contre le Liban. Une spirale de violence qui inquiète la communauté internationale.
Risque d'embrasement régional
Cette double confrontation d'Israël avec l'Iran d'un côté et le Hezbollah de l'autre fait planer le spectre d'un conflit généralisé au Proche-Orient. Plusieurs facteurs alimentent ces craintes :- La détermination affichée par Israël à riposter malgré les appels à la retenue
- Le soutien réaffirmé de l'Iran au Hezbollah et aux groupes palestiniens
- L'implication croissante des milices pro-iraniennes en Irak et en Syrie
- Les tensions autour du programme nucléaire iranien
- La fragilité politique du Liban
Face à ces risques, les États-Unis tentent de modérer les ardeurs de leur allié israélien. Washington craint qu'une escalade ne compromette ses intérêts dans la région, notamment l'accord de normalisation en cours avec l'Arabie saoudite.
La France et l'Union européenne appellent également à la désescalade, redoutant les répercussions d'un conflit ouvert sur la sécurité et l'économie mondiale.
Vers une médiation internationale ?
Pour tenter d'apaiser les tensions, plusieurs initiatives diplomatiques sont à l'œuvre en coulisses. L'Égypte et le Qatar, traditionnels médiateurs régionaux, multiplient les contacts pour éviter l'embrasement.La Russie, qui entretient de bonnes relations avec Téhéran et le régime syrien, pourrait également jouer un rôle. Le président Vladimir Poutine s'est entretenu ces derniers jours avec ses homologues iranien et israélien pour appeler au dialogue.
Enfin, l'ONU reste mobilisée. Le Conseil de sécurité doit se réunir en urgence cette semaine pour examiner la situation. Son secrétaire général Antonio Guterres a exhorté toutes les parties à "faire preuve de la plus grande retenue".
Malgré ces efforts, la dynamique de l'escalade semble difficile à enrayer à court terme. Israël apparaît déterminé à restaurer sa crédibilité militaire, tandis que l'Iran et ses alliés tentent d'imposer un nouveau rapport de force régional.
Dans ce contexte explosif, le moindre incident pourrait avoir des conséquences dramatiques. La communauté internationale retient son souffle, consciente que l'avenir du Proche-Orient se joue peut-être dans les prochains jours.
Conclusion
La situation au Proche-Orient n'a probablement jamais été aussi dangereuse depuis la guerre du Kippour en 1973. L'attaque iranienne du 1er octobre a ouvert la boîte de Pandore, libérant des forces longtemps contenues.Israël se trouve aujourd'hui dans une position délicate : riposter pour restaurer sa dissuasion tout en évitant une guerre totale aux conséquences imprévisibles. Un exercice d'équilibriste périlleux qui nécessitera autant de fermeté que de retenue.
L'issue de cette crise déterminera largement l'avenir géopolitique de la région pour les années à venir. Elle mettra également à l'épreuve la solidité des alliances internationales, à commencer par celle entre Israël et les États-Unis.
Dans ce climat de tensions extrêmes, seule une désescalade rapide pourra éviter le pire. Mais le temps presse, et les lignes rouges n'ont jamais semblé aussi proches d'être franchies.
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