Une hausse modérée des prix du pétrole
Malgré les craintes initiales, la hausse des prix du pétrole reste contenue. Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en décembre, a atteint 78,77 dollars, son plus haut niveau depuis plus d'un mois, avec une augmentation de 1,14%. De son côté, le West Texas Intermediate (WTI) américain, pour livraison en novembre, a progressé de 1,35% à 74,99 dollars.Ces augmentations, bien que significatives, sont considérées comme modérées par les experts du secteur. Philippe Chalmin, professeur d'histoire économique à l'université Paris-Dauphine et spécialiste des matières premières, souligne que cette hausse est "relativement modérée par rapport aux 90 dollars le baril il y a deux mois".
Les facteurs de stabilité des prix pétroliers
1. Des anticipations plutôt que des réalités
Francis Perrin, directeur de recherche à l'IRIS et spécialiste des questions énergétiques dans le monde arabe, explique que la hausse actuelle des prix "ne repose pas sur des réalités mais sur des anticipations". Les marchés réagissent aux déclarations et aux hypothèses concernant une possible riposte israélienne, sans pour autant prédire un embrasement généralisé qui aurait des conséquences significatives sur la disponibilité du pétrole brut au niveau mondial.
2. Le rôle modérateur des États-Unis
Les États-Unis jouent un rôle crucial dans la stabilisation des prix. Le président Joe Biden a déclaré être en discussion avec Israël concernant une éventuelle attaque sur des sites pétroliers en Iran. Cependant, les analystes estiment que les Américains ne seront pas nécessairement favorables à des frappes sur des cibles pétrolières, car cela entraînerait une hausse des prix du pétrole et des carburants, ce qui pourrait être préjudiciable pour la campagne présidentielle américaine à venir.
3. Les intérêts stratégiques d'Israël
Selon Thierry Bros, expert énergie et professeur à Sciences Po, il n'est pas dans l'intérêt d'Israël de s'attaquer directement à la production de pétrole iranienne. Une telle action aurait peu d'impact stratégique et serait moins efficace que de cibler les raffineries, ce qui affecterait davantage la capacité opérationnelle de l'armée iranienne.
4. La position de l'Iran
L'Iran, qui produit 3,4 millions de barils par jour, n'a pas non plus intérêt à une escalade du conflit. Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a d'ailleurs déclaré que leur opération était terminée et qu'ils ne comptaient pas continuer, signalant une volonté de désescalade.
Les facteurs économiques influençant les prix du pétrole
1. Le ralentissement économique chinois
La Chine, un acteur majeur du marché pétrolier mondial, connaît actuellement un ralentissement économique. Ce facteur contribue à maintenir les prix du pétrole à des niveaux modérés. Olivier Gantois, président de l'Ufip Énergies et Mobilités, note que "les craintes de ralentissement de la Chine sont presque aussi importantes que les craintes d'un embrasement au Moyen-Orient".
2. La stratégie de l'OPEP
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) joue également un rôle crucial dans la stabilisation des prix. L'Arabie saoudite, qui dispose de capacités excédentaires importantes, a la capacité d'ajuster sa production pour maintenir les prix dans une fourchette acceptable, généralement entre 80 et 90 dollars le baril.
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) joue également un rôle crucial dans la stabilisation des prix. L'Arabie saoudite, qui dispose de capacités excédentaires importantes, a la capacité d'ajuster sa production pour maintenir les prix dans une fourchette acceptable, généralement entre 80 et 90 dollars le baril.
3. Les capacités de production excédentaires
En cas de perturbation majeure de la production iranienne, l'Arabie saoudite et les Émirats Arabes Unis seraient en mesure de compenser rapidement le déficit en augmentant leur production. Cette flexibilité contribue à rassurer les marchés et à prévenir une flambée des prix.
Perspectives d'avenir pour les prix du pétrole
Bien que la situation reste tendue au Proche-Orient, les experts s'accordent à dire que tant que les prix du pétrole ne dépasseront pas la barre des 80 à 90 dollars le baril, il est peu probable que des changements majeurs surviennent sur le marché pétrolier mondial.Cependant, la vigilance reste de mise. Les marchés continuent de surveiller de près l'évolution de la situation géopolitique, les décisions de l'OPEP, et les indicateurs économiques globaux, en particulier ceux de la Chine.
En conclusion, malgré les tensions au Proche-Orient, les prix du pétrole demeurent relativement stables grâce à un équilibre complexe entre facteurs géopolitiques et économiques. Cette stabilité témoigne de la résilience du marché pétrolier mondial face aux crises régionales et de la capacité des acteurs majeurs à maintenir un équilibre fragile mais crucial pour l'économie mondiale.
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