Du 22 au 24 octobre 2024, la ville russe de Kazan accueille un événement diplomatique majeur : le sommet des BRICS. Vladimir Poutine, le président russe, y reçoit plus de 20 dirigeants étrangers dans ce qui est décrit comme "l'événement diplomatique le plus important jamais organisé en Russie". Ce rassemblement intervient dans un contexte géopolitique tendu, alors que Moscou cherche à démontrer son influence internationale malgré les tentatives d'isolement de la part des pays occidentaux.
Un sommet crucial pour la diplomatie russe
Le choix de Kazan comme lieu de rencontre n'est pas anodin. Cette ville, située à environ 800 km à l'est de Moscou, symbolise la diversité culturelle et religieuse de la Russie. Elle offre ainsi un cadre idéal pour un sommet qui se veut le reflet d'un "monde multipolaire".Le sommet des BRICS réunit traditionnellement le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud. Cependant, l'édition 2024 voit l'arrivée de nouveaux membres : l'Éthiopie, l'Iran, l'Égypte et les Émirats arabes unis. Cette expansion témoigne de l'ambition du groupe à représenter une alternative au modèle occidental.
Des invités de marque attendus
Parmi les personnalités attendues, on compte :1. Xi Jinping, le président chinois
2. Massoud Pezeshkian, le président iranien
3. Narendra Modi, le Premier ministre indien
4. Recep Tayyip Erdogan, le président turc
La présence de ces dirigeants, en particulier celle du président chinois, revêt une importance capitale pour Moscou. Elle illustre le soutien dont bénéficie la Russie de la part de puissances émergentes ou établies, malgré les sanctions occidentales liées au conflit en Ukraine.
Les enjeux du sommet
1. Contrer l'isolement diplomatiquePour le Kremlin, l'objectif principal de ce sommet est de démontrer que la Russie n'est pas isolée sur la scène internationale. Konstantin Kalatchev, analyste politique basé à Moscou, souligne que "ce sommet des BRICS vise à montrer que la Russie est non seulement loin d'être isolée, mais qu'elle a des partenaires et des alliés".
2. Promouvoir un ordre mondial alternatif
La Russie présente les BRICS comme une alliance capable de contrebalancer l'influence occidentale. Selon Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique du Kremlin, le groupe doit "construire brique par brique un pont vers un ordre mondial plus juste".
3. Discuter des conflits internationaux
La présence du président iranien Massoud Pezeshkian laisse présager des discussions sur la situation au Moyen-Orient, notamment concernant la guerre à Gaza et au sud-Liban. Toutefois, la Russie semble vouloir garder une certaine distance sur ces sujets, se limitant jusqu'à présent à des appels à la retenue.
4. Renforcer les liens économiques
Le sommet sera également l'occasion de discuter de coopération économique entre les pays membres. Dans un contexte de sanctions occidentales, la Russie cherche à diversifier ses partenariats commerciaux et financiers.
Les absents notables
Malgré l'importance de l'événement, certaines absences sont à noter :1. Luiz Inácio Lula da Silva, le président brésilien, qui participera en visioconférence pour des raisons médicales.
2. Le prince héritier Mohammed ben Salmane d'Arabie Saoudite, dont l'absence alimente les spéculations sur d'éventuelles tensions avec Moscou.
Les défis pour la Russie
Bien que ce sommet soit présenté comme un succès diplomatique par le Kremlin, plusieurs défis demeurent pour la Russie :1. Le conflit en Ukraine
La situation en Ukraine reste un point de friction majeur avec l'Occident. Moscou cherche à justifier son intervention comme une réponse à "l'hégémonisme américain", mais cette vision est contestée par de nombreux pays.
2. Les sanctions internationales
Malgré ses efforts diplomatiques, la Russie reste sous le coup de lourdes sanctions économiques qui affectent son économie et sa capacité d'action sur la scène internationale.
3. Les tensions avec certains partenaires
L'absence du prince héritier saoudien soulève des questions sur la solidité des alliances russes, notamment dans le domaine énergétique
Perspectives pour l'avenir des BRICS
L'élargissement du groupe des BRICS témoigne de son attractivité croissante. La Turquie, membre de l'OTAN, a même exprimé son souhait de rejoindre le bloc, illustrant la complexité des relations internationales actuelles.Cependant, le défi pour les BRICS sera de transformer cette diversité en une véritable force capable d'influencer l'ordre mondial. Les divergences d'intérêts entre les membres pourraient constituer un obstacle à une action concertée efficace.
Conclusion
Le sommet des BRICS à Kazan représente un moment clé pour la diplomatie russe. En accueillant plus de 20 dirigeants étrangers, Vladimir Poutine cherche à démontrer que la Russie reste un acteur incontournable sur la scène internationale, capable de fédérer autour d'elle des puissances émergentes et établies.Toutefois, le succès à long terme de cette stratégie dépendra de la capacité de la Russie à transformer ces relations diplomatiques en partenariats concrets et durables, tout en gérant les défis liés à sa situation géopolitique actuelle.
Alors que le monde observe attentivement ce sommet, il est clair que l'événement de Kazan marquera un tournant dans la reconfiguration des alliances internationales et dans la perception de l'influence russe à l'échelle mondiale.
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